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Le travail de groupe: pour qui, pourquoi, comment ?

  • Photo du rédacteur: Mégane Ronsin
    Mégane Ronsin
  • 5 avr. 2021
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 juin 2021

S’il y a de nombreux avantages au travail de/en groupe (autonomie, confiance en soi, diminution de la peur de l’erreur face à ses pairs, entraide, progression, retrait de l’enseignant), c’est une activité qui se réfléchit fortement en amont et surtout, qui a de grandes chances de ne pas fonctionner dès la première fois et nécessite donc de la persévérance !

Qu’est-ce que le travail de groupe et pourquoi ?

Je ne trouverai pas meilleure définition que celle de Medioni : « Le groupe n'est pas une fin en soi, mais un moyen pour mener à bien un travail qui ne pourrait pas être mené d'une autre façon. Ce n'est pas une technique, c'est-à-dire une manière de faire pour obtenir un résultat, mais un instrument au service d'une activité intellectuelle. L'objet est moins d'obtenir un résultat — la réponse à une question, un problème — que de provoquer une activité intellectuelle qui dépasse l'obtention de ce résultat. Le groupe est un lieu de confrontation. L'objectif du groupe n'est pas de répondre à une question, ce qui pourrait se faire individuellement. L'objectif du groupe c'est d'ouvrir des pistes, d'émettre des hypothèses, d'ouvrir des possibles, ce qui ne peut se faire qu'avec d'autres que soi si on veut avoir plusieurs pistes et les hypothèses les plus variées et néanmoins possibles. »

C’est là un grand écueil de débutants, on se dit qu’il faut faire du travail de groupe, c’est bien vu. Mais non. Il faut le faire quand c’est nécessaire parce qu’on a besoin de débat, d’opinions différentes, de réflexions et que le travail individuel ne serait pas suffisant.


1. Préparer le travail en groupe

Vérifiez que votre préparation de cours est conforme au travail de groupe. C’est le cas si elle demande de la communication et une activité commune. Les formules propres au travail de groupe sont par exemple: «rassemblez vos idées, comparez, échangez vos points de vue, débattez, formulez une prise de position, décidez ensemble, mettez-vous d’accord sur l’essentiel, …»

2. Modalités du travail de groupe et constitution des groupes


Travail coopératif OU Travail collaboratif

Le travail coopératif divise/partage les tâches entre les membres de l’équipe pour avancer ensemble alors que le travail collaboratif est le travail synchrone de tous les membres en même temps sur les mêmes taches dans un même but.


Comment former les groupes ?

  • Groupes formés au hasard: via des outils numériques, via des papiers tirés au sort, via le choix d’une couleur ou leur mois de naissance. Avec des groupes formés au hasard, on renforce le groupe classe, la compétence sociale, l'adaptabilité.

  • Groupes formés par les élèves : par affinités, par thème (ex : ceux qui veulent travailler sur tel chanteur ou tel footballeur). Avec des groupes stables par affinités, le groupe est plus efficace et rapide car l'organisation est plus rapide et les élèves savent déjà utiliser les talents de chacun à bon escient.

  • Groupes formés par l’enseignant : groupes homogènes ou hétérogènes. Cela permet la différenciation individuelle ou de groupe et peut être très utile en remédiation notamment.

On distingue les groupes hétérogènes, très utiles pour les tâches de correction et certaines tâches de production, de groupes homogènes dans lesquels le professeur peut introduire un travail différencié, donner le même travail avec des aides différentes, ou même des tâches complémentaires. La constitution de groupes homogènes permet à l'enseignant de s'occuper des groupes les plus faibles.


Combien d'élèves dans un groupe ?


Plus les groupes sont petits (3/4), plus ils sont calmes et efficaces. A partir de 5/6 élèves, le groupe se disperse en conversations fractionnées.

Certains outils sont très efficaces si comme moi vous êtes nuls/nulles en maths pour former les groupes rapidement comme classroomscreen (pratique en plus pour la gestion du bruit et du temps) mais il en existe encore plein d'autres : https://latelierduformateur.fr/6-outils-pour-former-des-groupes/


- Donner des rôles/des responsabilités

il est bien d'attribuer une tâche particulière à chaque participant. Gardien des règles, gardien du temps, observateur de débat ou modérateur sont des rôles possibles. Il n’est pas recommandé d’attribuer les rôles de secrétaire et de présentateur. Tous doivent prendre des notes et tous doivent être en mesure de faire une présentation. À la fin du travail de groupe, on peut choisir au hasard un ou deux participants qui présenteront leur travail au reste de la classe. Et, selon la méthode de Médioni, on peut faire entraîner ce présentateur par son groupe.



3.Les consignes


- Temps limité : si possible, afficher un timer visuel. Selon C@nopé « Les groupes de trois devraient avoir au moins 9 minutes à disposition, les groupes de quatre 14 minutes et les groupes de cinq 25 minutes »

- Limiter les consignes

- Dans une classe où l’attention de tous est compliquée, il est possible de ne donner les consignes qu’aux chefs de groupe afin qu’eux-mêmes aillent ensuite les expliquer aux membres de leur groupe.

- Annoncer des objectifs transparents : ce qu’ils doivent faire, comment ils doivent le faire et pourquoi.


4. Les phases du travail de groupe


Prévoir une phase individuelle : elle permet à chaque élève de préparer ses idées, de les affiner mais surtout d'avoir le temps de penser et de formuler des hypothèses. En effet, certains sont incapables de réfléchir en même temps que les autres. D'autres encore sont trop timides pour avancer leurs idées de manière spontanée sans les avoir au préalable mises à l'écrit et réfléchies. On peut donner le même document aux élèves ou des documents complémentaires ou qui se contredisent selon l'effet recherché.


Phase de tâche groupée : elle permet aux élèves de regrouper leurs idées, les confronter, les nuancer. La question se pose de l'évaluation du travail de groupe. Il me semble qu'il est compliqué d'attribuer une note ou compétence à l'ensemble du groupe sur la tâche demandée et que cette évaluation devrait intervenir plus tard. En revanche, il me semble tout à fait possible de noter l'avancée du travail, l'attitude face au travail (et non pas la qualité du travail). (voir la grille c@nopé ci-dessous).

Et les langues dans tout ça ?

Il est compliqué de leur demander, à leur niveau, de débattre dans une langue étrangère. Avez-vous déjà vu des profs d'espagnol en formation sur un travail de groupe ? Si oui, vous aurez remarqué que, bien que maîtrisant la langue, ils préféreront en général s'exprimer dans leur langue maternelle. On peut demander de temps à autre un travail de groupe en langue étrangère s'il est bien cadré et qu'ils sont outillés pour le faire. Afin de vérifier leur expression en langue étrangère, on peut prévoir un MP3 qui enregistre au milieu de la table. En revanche, c'est dans la phase de production, écrite ou orale que la langue sera utilisée.


Phase de production

Quel type de production ? Cela peut être un écrit en commun (création d'un conte), une affiche, un oral, tout est possible.


Ensuite, se pose la question d'une mise en commun de cette phase de production avec les autres groupes. Si tous les groupes ont travaillé sur le même sujet avec les mêmes consignes, ce n'est pas propice à une mise en commun : elle n'a de sens que si les groupes ont besoin de l'intervention des autres pour avancer. En revanche, dans le cas d'un même thème, on peut imaginer une mise en concurrence des travaux des différents groupes avec pour objectif, par exemple, de défendre son projet, son affiche, savoir convaincre un auditoire.



Dans le cas où la mise en commun est nécessaire pour avancer, il est rarement productif de faire passer chaque groupe à moins de donner une tâche d'écoute active aux autres groupes afin qu'ils ne soient pas passifs devant le passage de leurs camarades. Cependant, d'autres formats sont possibles et permettent notamment aux plus timides qui ont peur des grands publics de se frayer une place.

La tâche prescrite au groupe doit déboucher sur une production, pas seulement verbale. Il faudra produire, par exemple, une affiche qui rende compte du travail effectué mais qui ne soit pas un résumé écrit de la réflexion qu'il suffirait de lire lors de la mise en commun. Cette affiche peut être un schéma ou un dessin rendant compte du travail effectué par le groupe mais c'est aussi un support à la fois pour le "rapporteur" du groupe pour son intervention verbale et pour ceux qui reçoivent le rapport. Rien de plus difficile, en effet, que de suivre une intervention orale en langue étrangère sans support visuel.


- Le World café : Imaginons 4 groupes : A, B, C, D. Chaque personne de ce groupe a un numéro : 1, 2, 3, 4. Chaque groupe a travaillé par exemple sur la migration mexicaine mais chaque groupe avec une vision différente (certains l'intégration des mexicains, d'autres les difficultés du trajet, d'autres le racisme...etc). Une fois que les groupes ont bien exploité le thème tous ensemble, on éclate les groupes : A1, B1, C1, D1 / A2,B2,C2,D2 / A3,B3,C3,D3/ A4/B4/C4/D4. Ainsi, dans ces nouveaux groupes constitués, il y aura un représentant de chaque sous-thème étudié. C'est à eux d'exposer le fruit de leurs recherches et analyses aux autres qui prendront le soin de prendre des notes ou de remplir une carte mentale ou tout autre document fourni par le professeur.

- Le porte-parole : Ici, c'est seulement une personne qui va être "tournante". Inspiré d'une formation de Médioni : Chaque groupe travaille sur un thème différent. Dans le cas de la formation de Médioni c'était, "chaque groupe crée un conte et devait être capable de le déclamer à l'oral". Une fois que le groupe est prêt, le professeur désigne un "rapporteur/porte-parole". Il prend le soin de rappeler aux autres du groupes qu'ils sont les responsables du rapporteur et qu'ils ont le devoir de l'entraîner et de le coacher afin qu'il soit prêt à prendre la parole face aux autres groupes, ce qui enlève une part de pression et de stress des épaules du porte-parole. Ensuite, chaque porte-parole va de groupe en groupe. Les groupes prennent des notes. Ensuite, lorsque le porte-parole retourne dans son groupe de départ, ses coéquipiers devront lui rapporter les paroles de tous les autres rapporteurs.



5. Evaluation


L'évaluation pendant la phase de groupe est compliquée et souvent subjective. On peut toutefois à l'aide d'une grille critériée voire même en auto-évaluation ou co-évaluation, évaluer l'avancée du travail, le volume sonore, l'attitude face au travail.

L'évaluation de la phase productive peut se faire individuellement à l'aide de MP3 lorsque les élèves rapportent le travail de leur groupe.

On peut également penser, après la mise en commun de tous les groupes de type world café, avec des rapporteurs ou en plénière, de demander à chaque élève, individuellement d'écrire ce qu'il en a retenu sur un temps en classe ou de dessiner ce qu'il a retenu (pour la lecture de créations de contes par exemple).

Enfin, on peut aussi ne pas évaluer ;) et prendre le travail de groupe comme une compétence à acquérir, à travailler, qui permet d'aller plus loin dans les connaissances et comme une étape dans le "devenir citoyen et adulte" ! Et on peut aussi faire une trace écrite commune de toutes les connaissances acquises (si ce sont des connaissances) ou un vote (si ce sont des affiches) ou apprendre le meilleur des contes...etc ! Les possibilités sont infinies !


Et surtout, ne baissez pas les bras, ça marchera la prochaine fois ;) !





Sources :


- Divers travaux de Maria-Alice Medioni

- Canopé

- Dossier des "Cahiers pédagogiques" , mai 2004, particulièrement l'article Maria-Alice Médioni (ibid.) 2. Ludwig Haag ,revue Pädagogik 3/2003

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